Débuter en Généalogie :
posté le 08/08/2016 à 14h41
Lorsqu'on choisit de se lancer dans la généalogie, on a la plupart du temps un but, un objectif précis que l'on cherche à atteindre. Que ce soit comprendre comment l'on est parent avec ces cousins éloignés que l'on voit une fois par an ou simplement vérifier une légende familiale, tout est prétexte à se plonger dans les archives pendant des heures, cherchant les réponses à ses questions. Mais que faut-il s'attendre à trouver ? Quelles archives sont les plus à même de répondre à nos interrogations ? C'est ce à quoi je vais tenter de répondre dans ce premier article.
I- Des débuts sans archives :
Le plus simple – et souvent le plus efficace pour débuter – consiste à réunir le maximum d’informations sur ce que l’on cherche à partir de sources immédiatement disponibles : les anciens de la famille. Ils sont la mémoire de la famille et l’ont dit souvent qu’un ancien qui disparaît est une bibliothèque qui brûle. C’est bien vrai ! Ils seront la plupart du temps capables de vous orienter vers les communes (et lieux-dits) d’origine de leurs parents et grands-parents, mais aussi vers les cimetières où ils reposent. Vous aurez ainsi accès aux dates et lieux de naissance de vos aïeux les plus proches : c’est une étape indispensable au démarrage d’une généalogie. De plus, les anciens ont connu en chair et en os des personnes qui pour vous ne pourront jamais être que des personnages sur une photo jaunie ou sur un impersonnel acte de naissance. Ils peuvent donc raconter des anecdotes, tristes ou drôles, sur la vie de cet aïeul qui – le premier – a mangé des bananes parce qu’il a participé à la conquête de Madagascar, ou sur celui-là qui, ayant passé sa vieillesse infirme, allait tous les jours la chaise sur la tête se poster au bord du chemin et discuter avec les passants. Ils sont capables de donner vie à ces personnes mieux qu’aucune photo ou aucun acte. Il faut donc recueillir ces témoignages inestimables tant qu’ils sont encore disponibles, car – malheureusement – personne n’est éternel.
Une autre bonne raison pour interroger les anciens est qu’ils disposent de documents introuvables ailleurs : les photos anciennes de la famille. Elles sont le seul moyen de donner un visage à nos ancêtres et cousins. Seulement encore faut-il savoir mettre un nom sur chaque visage. C’est-là qu’interviennent les anciens : ils ont connus tous ces gens, ou mieux encore ils ont participé à l’événement qui a permis la prise de la photo. Sans eux comment savoir qui est ce jeune couple que se marie dans les années 1920 ? Et cette grand-mère assise un peu en retrait ? Il faut savoir qu’avant les années 1950 rares étaient les occasions de prendre une photographie (en particulier à la campagne) et que ce vieux cliché jauni et un peu rongé par les souris est peut-être le seul et unique sur lequel figure votre arrière-arrière grand-père Antoine. Il convient donc d’en prendre le plus grand soin pour ne pas l’abimer davantage.
En plus des photos, avec un peu de chance vous pouvez retrouver au hasard d’un grenier un lot de vieux papiers qui prennent la poussière depuis des siècles : si ce n’est pas de l’or, peu s’en faut ! Il s’agit sans doute des papiers notariés de la famille. Ce nom englobe l’ensemble des contrats de mariages, testaments, et autres contrats et quittances passés par les précédents habitants de la maison. S’ils concernent vos ancêtres, ils vont vous permettre d’avancer à une vitesse fulgurante dans le passé. En effet ils ne concernent que des personnes qui vous sont apparentées et cela évite de longues recherches parmi une majorité d’actes qui ne vous concernent pas. Mais encore faut-il savoir exploiter ces documents.
II- Les archives notariales :
Si on ne les retrouve pas simplement lors des recherches préliminaires dans la famille, les archives notariales ne deviennent vraiment indispensables que lorsque l’on est remonté assez avant dans le temps et que les registres paroissiaux et d’état civil font défaut. Aussi voici un inventaire non exhaustif des actes que l’on peut être amené à trouver dans les archives notariales.
Le Contrat de Mariage (CM) :
Il était passé entre deux futurs époux de quelques mois à quelques jours avant le mariage religieux (et civil après la Révolution de 1789). On y retrouve les noms et prénoms des parents des époux, le lieu où ils vivent, et souvent leur profession. En sachant que les maisons sont habitées pendant des siècles par les descendants d’une même famille, la connaissance du lieu où elle se trouve est une information primordiale ! Autrefois le CM portait essentiellement sur la constitution de la dot, c’est-à-dire ce qu’apporte chacun des futurs époux pour constituer le ménage et l’amener sur la voie de la prospérité. Les parents et les époux eux-mêmes donnent donc chacun une somme assez importante. Les parents de la mariée doivent payer une somme souvent très conséquente, et qui reflète l’état de fortune des deux familles (puisqu’on se marie généralement entre personnes de la même classe sociale). Ainsi le montant de la dot peut, à la fin du XVIIe siècle, être compris entre à peine 100£ pour les plus pauvres et plus de 1500£ pour les plus aisés.
Parfois d’autres membres de la famille interviennent pour participer à la dotation des futurs mariés : un vieil oncle célibataire, le grand-oncle curé du village voisin… Il y aura toujours ou presque quelqu’un qui donnera « la moitié de ses biens », c’est-à-dire notamment sa maison d’habitation et de quoi exercer une activité (souvent celui qui reçoit la moitié des biens de son père est le fils aîné et il reprend la ferme familiale). Ainsi cette mention est une indication du futur lieu de vie du couple à marier : ils vont habiter chez la personne qui donne « la moitié de ses biens ».
On peut aussi y trouver d’autres informations intéressantes : la mention d’un précédent mariage, abouti ou pas, la date et le nom du notaire qui a reçu le CM des parents ou le testament de l’un d’entre eux décédé… Il est toujours bon de récupérer le maximum d’informations car elles peuvent s’avérer utiles plus tard et faire gagner du temps dans les recherches.
Un détail intéressant : dans la majorité des cas (pour ne pas dire tous les cas) le versement de la dot se fait en plusieurs échéances : un gros versement lors du mariage proprement dit, et le reste étalé sur plusieurs années pour la fête de « Notre Dame la Chandeleuse ». Comme mentionné dans les actes, il s’agit des fameuses « étrennes », qui étaient alors versées pour la fête de la chandeleur, sans doute le 2 février.
Le testament :
Il contient les dernières volontés d’un mourant, ou de quelqu’un qui se trouve suffisamment âgé et/ou invalide pour craindre l’approche de la mort. Cet acte commence toujours par un signe de la croix et la volonté du futur défunt en ce qui concerne les messes à donner pour le repos de son âme et les dons à faire aux différentes chapelles de la paroisse. On retrouve ensuite les legs faits aux enfants cadets : des broutilles en complément des dons faits dans leurs contrats de mariage respectifs. Il s’agit des héritiers particuliers. La dernière personne nommée est l’héritier universel ou général. Il peut s’agir en règle générale soit du conjoint, soit du fils aîné (ou de la fille aînée en l’absence d’enfant mâle). C’est lui qui hérite de la maison et des terres. Il prend la succession pure et simple de son père.
L’acte se termine par une phrase annulant tous les testaments que le testateur avait pu précédemment passer, même s’il n’en a jamais passé dans la réalité : c’est une simple précaution.
Les contrats :
Les contrats de vente sont très courants dans les registres de notaires. Il y aura toujours quelqu’un pour vendre ou acheter la terre de son voisin, ou encore pour faire un échange avec lui. Ils n’apportent pas beaucoup d’informations nouvelles, mis à part le fait que l’ancêtre en question est propriétaire de telle terre, qui confronte avec d’autres terres. Les noms des propriétaires voisins sont donnés, tout comme l’orientation du terrain. Ainsi le levant correspond à l’Est, le couchant à l’Ouest, le septentrion au Nord et le midi au Sud.
On peut aussi trouver contrats d’apprentissage, ou encore des contrats entre voisins pour construire un chemin… tous sont des sources intéressantes d’information mais ils restent néanmoins souvent des actes secondaires aux yeux des généalogistes.
Les quittances :
Une quittance témoigne simplement qu’un paiement a été effectué et elle interdit ainsi au créancier de réclamer de l’argent déjà versé à son débiteur.
Les obligations :
Avant le XIXe siècle, les banques n’existaient pas, ou tout au moins elles n’avaient aucune influence dans les campagnes. Aussi lorsqu’il s’agissait d’emprunter de l’argent – pour acheter une terre ou pour doter sa fille par exemple – le seul moyen était d’emprunter de l’argent à quelqu’un de plus fortuné que soi. Certains notables prêtaient ainsi en permanence aux habitants des paroisses voisines d’où de nombreux actes de dettes, ou de constitution de rente. Que trouve-t-on dans ces actes ? Tout d’abord il y a bien sûr les noms, prénoms, profession et lieu de résidence du créancier et du débiteur, ainsi que le montant de la somme empruntée. Mais on retrouve aussi souvent le « pourquoi » de l’emprunt : le notaire demande au créancier ce qu’il compte faire avec cet argent.
Une particularité de ces actes est qu’ils présentent l’emprunt comme une vente. Celui qui prête l’argent « achète » une rente (c’est-à-dire un paiement régulier de la part de l’emprunteur) à celui qui emprunte. Cette rente est constituée du « principal » et des « intérêts ». Le « principal » correspond au montant réellement emprunté et les « intérêts » sont la somme que le débiteur doit donner en plus au moment du remboursement de l’emprunt.
III- Les registres paroissiaux et d’État-Civil :
Une fois les informations de base obtenues des anciens de la famille, il est temps de passer aux archives les plus utiles et les plus facilement accessibles : les registres d’État-Civil. Il s’agit de la source d’informations de base de tout généalogiste. On y retrouve les actes de naissance, de mariage et de décès de tous les habitants d’une commune. Les actes de naissance et de mariage sont accessibles librement 75 ans après leur création (en 2016 on peut donc consulter tout registre d’État-Civil créé avant 1941), et les actes de décès sont consultables dès leur création. De nos jours, la plupart des départements ont numérisé et rendu disponibles directement sur Internet les registres datant d’avant 1899. C’est pourquoi si on veut éviter d’avoir à sa déplacer dès le début de nos recherches, il faut tenter de récupérer des informations remontant avant cette date.
Pour avoir la carte des archives mises en ligne département par département, vous pouvez consulter ce lien :
Les registres d’État-Civil ont été créés lors de la Révolution par l’édit du 20 septembre 1792, qui ordonne leur tenue par le maire de la commune. Auparavant ces registres étaient appelés registres paroissiaux car ils étaient tenus par les curés de chaque paroisse.
Si la progression des recherches est généralement rapide au XIXe siècle grâce à la tenue de tables décennales répertoriant les actes par ordre alphabétique et par date, la consultation des actes antérieurs est souvent bien plus lente du fait qu’il faut regarder chaque acte de chaque page avant de tomber sur celui que l’on recherche. De plus, l’écriture ne va généralement pas en s’améliorant en remontant dans le temps, et il vous faudra donc prendre l’habitude de lire ces écritures anciennes. Mais ne vous inquiétez pas, cette faculté de lecture viendra tôt ou tard, il faut simplement persévérer dans ses efforts !
Un aspect important à mes yeux et pourtant très (trop) souvent négligé est le fait de relever les lieux-dits où vivent les gens. Comme autrefois les familles bougeaient très peu, la connaissance du lieu où se trouve la maison permet souvent de faire le lien entre deux générations, même si un acte l’indiquant clairement manque. Cette incertitude peut aussi être annulée par l’examen attentif des parrains et marraines des nouveau-nés. En général (en tout cas dans l’Aveyron et le Lot) il s’agit des grands-parents pour le premier né d’une fratrie, et ensuite ce sont les oncles et tantes, puis les cousins à mesure que la fratrie s’agrandit. Ce n’est pas une règle absolue, mais elle peut aider à débloquer bien des situations à première vue insolubles. Mon conseil est ainsi de relever aussi les actes concernant les descendants des oncles et tantes, car parfois les grands-parents sont parrains des cousins de vos ancêtres, mais ils décèdent avant qu’un acte vienne établir un lien clair avec vos ancêtres. Ainsi par un jeu de liens entre ces différents actes plus ou moins éloignés de ce que l’on cherche au départ, il est possible de contourner une difficulté et donc de continuer à avancer !
Une période généralement assez difficile est l’époque révolutionnaire. Entre 1792 et 1806 environ les registres sont assez mal tenus et surtout mal conservés du fait du climat politique très instable qui règne sur le pays. Par expérience je sais que c’est là que les recherches peuvent coincer, car les registres notariaux de cette période ne peuvent pas toujours palier aux manques de l’État Civil du fait qu’eux aussi ont été assez négligés à ce moment-là. De même dans certaines paroisses (dont Puylagarde, dans le Tarn et Garonne), tous les nouveau-nés n’ont pas été déclarés à la mairie, mais simplement baptisés par le prêtre réfractaire de la commune, qui ne tenait pas de registre du fait de son illégalité. On retrouve ainsi deux décennies plus tard des actes de notoriété datant de juste avant le mariage qui témoignent par exemple que Rose MONTAGNE est née en « mars 1794 » au village de Girgues, mais sans donner connaissance du jour précis.
Avec un peu de chance, les registres paroissiaux vous amèneront assez loin dans le temps, mais les guerres, les incendies, les rongeurs, et d’autres facteurs n’ont malheureusement pas toujours permis à tous les registres de survivre. En effet, même si en principe la tenue des actes de baptême est rendue obligatoire par l’Ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539, rares sont les registres datant d’avant 1600. Parfois, les archives s’arrêtent même vers 1700 ou après, ce qui rend l’utilisation des registres notariaux indispensables. Pour les consulter, il faut alors souvent se rendre aux Archives Départementales, même si certains départements (dont l’Aveyron et le Cantal) ont commencés à publier en ligne ces registres, simplifiant par là-même la vie des chercheurs que nous sommes.
Conclusion :
J’espère que ces quelques conseils auront été utiles, n’hésitez pas à commenter cet article ou à me contacter par mail, je tâcherai de vous répondre.
De nombreuses informations complémentaires sont à votre disposition dans la rubrique « Ressources » du site.
Je vous souhaite de bonnes recherches, avec un seul mot d’ordre : Persévérance !
Anthony BONAFÉ
Mon arbre est disponible à cette adresse : http://gw.geneanet.org/rouerguauvergne
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